Il y avait un jardin qu'on appelait la terre....(ouvert à tous)

Messages : 37 Date d'inscription : 09/05/2010

Le ciel était trop bleu. Le soleil illuminait tout en ce beau matin de mai de l'an de grâce 1458.

Kachi, tirée du sommeil bienfaisant qu'apportait le calme du palais par le chant du merle qui s'affairait à nourrir ses petits, termina rapidement ses ablutions et sortit découvrir le jardin.

Elle se drapa dans un long voile, vaporeux et clair maintenu par un tressoir d'argent, et laissa ses pas la guider au hasard.

Aucun mot pour décrire la beauté des lieux.
Juste laisser ses sens s'en imprégner, s'en enivrer.
Le bruit de l'eau coulant des fontaines, le chant des oiseaux, le son de l'herbe crissant sous ses pieds nus.

Elle sourit au hasard d'une allée quand elle découvrit une dernière violette, se pencha pour en respirer le parfum.
La lavande s'apprêtait à fleurir et le basilic tout au fond , contre le mur d'une arcade, embaumait l'air.

Des essences inconnues aussi , venues surement d'Orient chatouillèrent agréablement ses narines , attirant l'amoureuse du règne végétal et de ses secrets. Il faudrait qu'elle et la belle Isam, viennent répertorier tout ça un jour, si Sid, le permettait.

Les légumes envahissaient le jardin potager et Kachi découvrit la menthe qui servait à parfumer le thé que Sid servait généreusement à tous ses convives. Elle cueilli au passage les premières fraises sauvages, savourant leur parfum .

iElle choisit de s'asseoir au pied d'un oranger. Se laissant choir dans l'herbe, elle rassembla sa jupe contre ses chevilles,. Partout où glissait son regard vert , ce n'était que beauté et harmonie. Ici, pour un instant, elle devenait princesse.

Ses pensées s'envolèrent vers ses amis.

Leur projet pour certains semblait piétiner, Joran s'impatientait. Ils avaient perdu beaucoup de temps et d'argent en aller-retour Saint Bertrand, Lectoure.
Mais Kachi savait , tout au fond d'elle, qu'ils étaient en train d'accomplir pas à pas, le plus important.
La confiance entre eux s'installait, grandissait jour après jour. On se découvrait, on s'étonnait, on commençait à s'aimer.

Les plus convaincus, les plus passionnés, les fidèles restaient, s'installaient, prenaient leurs marques. Les autres, ceux qui n'y avaient jamais cru, partaient, prenaient un autre chemin.

Mais malgré l'argent qui freinait l'action, le rêve et l'envie étaient là, présents, vivants .
Et plus encore, l'amitié régnait en ce palais.

- Béni sois tu Sid, le lumineux, toi qui es le gardien de ces lieux et nous en a ouvert les grilles.

Murmurant à elle même , elle ajouta en riant :

- Il y a même du jasmin......Hummm, du jasmin....

Et puis bercée par le ruissellement de l'eau vive, elle se laissa aller , s'allongea dans l'herbe douce et glissa dans un sommeil paisible.

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Admin Messages : 177 Date d'inscription : 23/11/2009

Perché sur les remparts d'Al Alcazar, je scrutais l'horizon en ce matin lumineux. Le ciel dégagé de tout voile nuageux laissait présager l'avènement d'un soleil radieux. Alors que je m'apprêtais à redescendre, j'apperçu Kachina dans le jardin.
Quel bonheur de les recevoir tous! Ils contribuaient à la vitalité de l'Alcazar qui s'était perdu depuis si longtemps dans un bien triste immobilisme. Peu à peu, mes amis dispensaient leur vitalité en ce lieu et mon coeur s'en réjouissait.

Je rejoignit Kachina dans les jardins et je la retrouvais au pieds d'un oranger, l'arbre de paix.

"Salam aleikoum Kachi! Toi aussi tu es venu écouter le chant du merle?"

*sourire radieux*

Messages : 37 Date d'inscription : 09/05/2010

Kachi s'éveilla aux paroles de Sid .Elle croisa le regard de son ami , lui sourit.

- J'ai toujours aimé le chant du merle Sid. Il est si vigoureux, si gai. Il chante l'espoir et le bonheur de vivre.

Je connais un poème à propos d'un merle.

Kachi, puise dans sa mémoire , quelques rimes lui reviennent en tête :

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille gai, plein d'espoir,
Sur les herbes, de givre blanches,
En bottes jaunes, en frac noir.

C'est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve soleil, et module
L'hymne d'avril en février.

Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.

Il voit le jour derrière l'ombre,
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L'autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

Kachi s'arrête un instant, regarde Sid :

- Nous aussi, nous devons voir le jour derrière l'ombre , toujours Sid, ne jamais désespérer, ne jamais baisser les bras, toujours chercher la lumière partout.

La jeune femme reprend quelques rimes :

A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !

- Ceux qui vivent en harmonie avec la nature Sid, touchent les étoiles , tu le sais.
Elle est notre maitre à tous. Il faut s'y couler, s'en absorber.
Et dans ce jardin, c'est si facile........

Sid, tu aimes les merles , toi ?

Admin Messages : 177 Date d'inscription : 23/11/2009

J'écoutais Kachina qui honorait les lieuxd'un poème et de saines réflexions...

Citation :: Sid, tu aimes les merles , toi ?

"Le merle... hummm... j'avoue particulièrement apprécier son chant au crépuscule. Cela me rappel d'ailleurs l'histoire de ces guerriers poètes de Celtie, cette terre du nord si mystérieuse.
Vois tu, les compagnons de Finn aussi appelé Fianna, étaient une troupe de poètes-guerriers, à l’éthique et à la mystique austères. Pour être un compagnon de Finn, il fallait renoncer à toute attache familiale et clanique, être un athlète et un guerrier accompli, et connaître par cœur les douze livres de poésie.
Etonnant non? On a plutôt pour habitude d'opposer l'art de la guerre et l'art de la poésie et pourtant... il est plus simple d'opposer intellect et vigueur physique mais j'aime cette idée de réunir ce que la volonté général veut opposer.
Ainsi derrière le calme et la sérénité apparent d'Al Alcazar réside une volonté forte."

*sourire entendu*

"Laisse moi dont répondre à ta poèsie par ce poème...

Ton chant est doux, merle, nulle part au monde je n’ai entendu musique plus douce que la tienne. Toi, prêtre, tu aurais tort de ne pas l’écouter, tu pourras toujours reprendre tes prières après. Si tu connaissais la vraie histoire du merle, prêtre, tu verserais des larmes, tu cesserais même un moment de penser à ton Dieu. C’est dans le pays de Norvège aux rivières bleues que le fils de Cumail, Finn, celui qui tenait dans ses mains les gobelets rouges, a pris l’oiseau que tu vois maintenant. Et il le mit dans un bois à l’Ouest, dans le bois aux beaux arbres où aimaient se reposer les Fianna. Finn aimait prendre son repos en écoutant chanter le merle ou bramer le cerf. Il aimait aussi le chant des coqs de bruyère, le bruit que fait la loutre en se glissant dans l’eau, et le cri de l’aigle. Il se délectait du bruit des vagues le matin sur les plages de galets blancs. Quand vivaient Finn et les Fianna, lande et rivage leur étaient plus chers que l’église. Ils aimaient le chant du merle. Ils n’aimaient pas le chant de la cloche aristotélicienne."

Messages : 37 Date d'inscription : 09/05/2010

A cet instant, comme par hasard , Alto le pigeon, vint se poser sur l'épaule de Kachi.

Elle défit doucement le message roulé attaché à la patte de l'oiseau, caressa le bec d'Alto , le regarda voler sur le jasmin et puis lut .

Un grand sourire éclaira son visage. Elle se leva d'un bond. Prit les mains de Sid et le fit tourner avec elle.

- Ton merle, Sid, il n'est pas blanc , par hasard ? Parce qu'il m'a porté bonheur je crois. Je viens de vendre mon champ à Lectoure........

Je n'ai plus qu'à aller chercher mes écus et fermer à jamais ma boulangerie et ma petite chaumière.

Petite moue triste à cette idée.....Et puis sourire à nouveau.

- J'ouvrirai une nouvelle échope Sid. Et elle sera encore plus belle, tu verras. Je recommencerai , mais ici à Saint Bertrand de Comminges....

Sid, tu as déjà vu un merle blanc, toi ?

Rire de Kachi.

- Mon merle blanc à moi, c'est Joran !

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