Intolérant ou un tolérant, telle est la question

Messages : 14 Date d'inscription : 09/05/2010

Yvane aimait que les choses soient claires. Aussi avait-il demandé à son ami de le rejoindre dans la salle des Palabres. Il devait s'entretenir avec lui de quelques points.

Quand Sid le rejoint dans la salle, il était adossé au mur. Il se redressa et vient à lui. Comme à son habitude, Yvane souriait.

Salam, mon ami! Je susi heureux que tu sois venu!
Il lui prit les deux bras et les serra amicalement, inclinant aussi la tête en signe de respect. Bien que Sid soit plus jeune de quelques années et qu'Yvane soit le fils du serviteur, ils avaient toujours eu un respect profond l'un pour l'autre.

Admin Messages : 177 Date d'inscription : 23/11/2009

J'avais été convié par Yvane à le rejoindre à la Salle des Palabres. Ce lieu était un lieu à part à l'Alcazar. Cette pièce de forme circulaire au sol finement décoré devait être unique en Royaume de France. Quelque soit l'endroit où l'on se trouvait assis dans cette pièce, on s'entendait clairement.
Je retrouvais donc Yvane appuyé contre le mur.

Citation :: Salam, mon ami! Je susi heureux que tu sois venu!

"Salam!"

Messages : 14 Date d'inscription : 09/05/2010

Yvane sourit à son ami. Ils se connaissaient depuis suffisemment longtemps pour se passer de plus de courbettes.

Si je voulais te voir ici, c'est pour comprendre un mot, auquel tu semble dnner une grande valeur. or, moi, justement... Je trouve qu'il n'y a que peu de mots aussi vide. J'aimerai réellement comprendre comment tu peux encore, après tant de temps, invoquer le principe de la tolérance! Pour ma part, voilà bien longtemps que j'ai perdu cette illusion et que le voile est levé.

Il regarda gravement Sid. Comment expliquer le lien qui lié Yvane au jeune sultan? D'abord, Yvane était fidèle à Sid, car sa famille avait toujours servi celle des Sultans. Ensuite, depuis leur fuite, étant l'ainé, il s'était toujours cru investi d'une mission implicite : protéger Sid, lui épargner toute difficulté. Quand un tel devoir vous frappe, en plein coeur de votre jeunesse, alors que vous n'êtes pas encore un adulte, vous en ^petes imprégné jusquà la fin.
Sid était pour Yvane comme un frère. Il aurait donné sa vie pour lui, sans hésiter. Aussi avait-il peut-être du mal à concevoir que cet homme dont il était si proche, puisse être aussi loin de lui dans ses idéaux. Il voulait comprendre.

Admin Messages : 177 Date d'inscription : 23/11/2009

Ainsi son ami lançait un débat pour le moins fondamental... essentiel...

Si je voulais te voir ici, c'est pour comprendre un mot, auquel tu semble dnner une grande valeur. or, moi, justement... Je trouve qu'il n'y a que peu de mots aussi vide. J'aimerai réellement comprendre comment tu peux encore, après tant de temps, invoquer le principe de la tolérance! Pour ma part, voilà bien longtemps que j'ai perdu cette illusion et que le voile est levé.

"Je conçois que la réalité laisse apparaître un bien triste constat. L'intolérance laisse, en de nombreux endroits, de multiples traces indélébiles.
Mais que faut-il faire? Je te pose la question. Sombrer sous les vagues de la résignations?

Rien n'est pire que l'immobilisme!

En moi coule un sang mêlé d'orient et d'occident... comme le disait le grand Rûmi,

Citation :

"Tout est "Lié", rien n'est "Séparé"!
Ne te demande pas qui tu es !
Sois ! Ici ! Maintenant ! "

Et je suis tel que je suis... Homme... rien de plus... peut être un jour..."

*sourire*

"As tu déjà entendu parler de l'échelle de l'être? Voici ce que je disais le Vénérable Rûmi

Citation :

Du moment où tu vins au monde de l'existence,
une échelle fut placée devant toi pour te permettre de t'évader;
d'abord tu fus minéral puis tu devins plante;
ensuite tu es devenu animal, comment l'ignorerais-tu?
Puis tu fus fait homme, doué de connaissance de raison et de foi;
considère ce corps, tiré de la poussière: quelle perfection il a acquise!
Quand tu auras transcendé la condition de l'homme, tu deviendras sans nul doute un ange;
alors tu en auras fini avec la terre; ta demeure sera le ciel.
Dépasse même la condition angélique: pénètre dans cet océan,
afin que ta goutte d'eau puisse devenir mer...

Même s'ils ne l'est pas en fait, l'homme ne peut donc être que tolérant par nature... reste à chacun de choisir de l'exprimer... mais encore... peut être n'est-ce pas accessible à tous... ainsi il importe que certains continue à porter haut le flambeau de cette nature tolérante et ce même au plus profond de l'obscurité des actes."

Messages : 14 Date d'inscription : 09/05/2010

Yvane écouta son ami. Ainsi donc, basait-il ses principes sur les dires d'anciens érudits? Peut-être avait-il eu raison de faire ainsi, de s'accrocher à quelques citations pour rester intact dans es fondations de son esprit. Yvane avait vécu autrement. Il avait préféré laisser s'écrouler toute la construction, morceau par morceau, et reconstruire.

Qui te parle d'immobilisme, Sid?

Je t'admire. Tu as su garder en toi un espoir à ce sjet. Moi, j'ai perdu la flamme depuis longtemps. Selon moi, ce qui dans les faits pourrait être le plus proche de la tolérance, c'est l'indifférence. Si dans l'idée, elles sont totalement opposées, penses-y un instant, et tu auras vite fait de voir qu'elles se rejoignent en plus d'un point.

Je ne crois pas, qu'on puisse survivre en lançant haut et fort l'idée de la tolérance. regardes donc l'Armagnac. C'est un noble objectif, que de vouloir être terre de tolérance. Et qu'y a-t-il gagné? Il a accepté des brigands sur son sol, là où partout ils sont repoussés, pourchassés, éxécutés. Moralité, ils pillent le comté et ses villes.
Oh, vous les repousserez une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... mais un jour, tout s'écroulera. Les gens perdront foi en la tolérance, ou l'Armagnac sera mis à feu et à sang!

Les duchés qui survivent sont ceux qui sont prudents. Sur le pied de guerre au moindre doute. C'est pareil pour les hommes.

la tolérance? Elle nous fait fermer les yeux sur lles actes de nos voisins. Un étranger arrive ici, ta première réaction et de venir l'accueil à bras ouverts. MOi, je préfère placer discrètement ma main sur le manche d'un couteau, et attendre. Après, je pourrais ouvrir les bras. Il faut rester prudent, et ne se méfier avant toute chose.

Je m'oppose à toute idée de tolérance, car bien vite elle tourne en désavantage pour toi.

Il sourit à son ami.

Ne crois pas cependant que je n'accèpte pas l'autre, et ses différences. Au contraire. de toute façon, quand on nait, comme toi et moi, entre deux peuples, il faut savoir faire avec. Je ne me plains pas : j'aime ma vie comme elle est. j'aide autrui, je le protège, je profites de la vie. Et surtout, je survie, car je suis toujours sur le qui-vive. >Tête brûlée, c'est vrai : je préfère parfois avancer sans savoir ce qui m'attend. Cependant, jamais on ne m'aura par surprise.

Admin Messages : 177 Date d'inscription : 23/11/2009

Cette tension permanente qui semblait habiter Yvane avait dû lui sauver la vie à plusieurs reprise mais que cela devait être épuisant à la longue...

"Il faut savoir regarder au delà de ce qui est visible mon ami. Ne doute pas que derrière l'accueil chaleureux se trouve néanmoins une grande vigilance.
Maintenant je ne suis pas homme à vivre dans la crainte permanente... j'ai connu bien des déceptions et même des trahisons mais je suis toujours là, près à oeuvrer.

Il ne faut pas s'arrêter à un fait. Prenons l'exemple de l'attaque des brigands en Armagnac dont tu fais allusion... malgré ce triste fait il a eû aussi pour conséquence de regrouper des personnes ayant une vision commune et un idéal proche à défendre.
Tout à sa raison d'être!
Si demain notre projet s'écroule, si une trahison advient... la peine envahira mon coeur mais je me relèverai encore et toujours animé par ce feu qui brûle en moi... celui de la tolérance... bien des êtres sont venus apporter la Lumière et en sont morts mais on remarque que bien souvent... bien des années après, sous d'autres formes... le flambeau a été repris par d'autres... ainsi va le cycle des choses.

Maintenant ne vois pas dans ma façon d'être de la naïveté mais juste un lâcher prise... qui n'exclut nullement la vigilance!"

*sourire complice*

Messages : 14 Date d'inscription : 09/05/2010

Yvane rit à la remarque de Sid. Cependant, il reprit vite son sérieux, afin de pouvoir répondre à son ami.

Où serait le mal, d'agir naïvement? c'est justement ce qu'il manque à beaucoup d'entre nous! Un regard d'enfant change bien des choses.

Quand à m'arrêter à un fait, je préfère dire que je me base sur des observations. Pour l'Armagnac, je t ele dis : arrivera un jour, où tombera l'idéal. Soit parce que les gens en auront marre, soit parce que l'Armagnac ne pourra plus faire face.

Mes observations, j'ai suffisemment parcouru le royaume pour voir ce qu'il en est.

Il est sûrement temps de te raconter une partie de l'histoire de ta dague. Comme tu le sais, elle a appartenue à ton père, et à son père avant lui. Comme tu le sais, elle a été forgée par ma famille. Cependant, ce que tu ignore sûrement, c'est au'elle n'a pas toujours été en pocession des tiens.
Ton père avaient deux apprentis, je ne sais pas si tu les as connu. L'un se nommait Victor de Bourg de Beaune, l'autre Croxanvic. Victor avait été placé auprès de ton père pour en devenir le disciple et apprendre à être un noble cultivé. Tout cela, selon le principe de la tolérance. Le SUltan finit par prendre son son aile, selon le même principe, Croxanvic : un ami que Victor s'était fait au palais. Victor racontait tout à ce fils de serviteur.
Ton père décida un jour, que Victor devait parcourir les routes, voir le monde autrement que de son trône de noble. Belle ambiance, toujours sous le signe de la tolérance. Il fut convenu que Victor partirait avec des troubadours de passage. Evidemment, Croxanvic le suivrait.
Il partirent à l'aube, un matin. Dans la nuit précédent le départ, la dague fut dérobée à ton père.
Au gré des routes, j'ai rencontré au hasard Victor et Croxanvic. Celui-ci portait à la ceinture la dague. Oui, vois où le principe de la tolérance a mené ton père. Il m'a donc fallu les suivre. J'ai fini, peu à peu, par me lier d'amitié avec eux. Et j'ai fini par connaitre leur histoire. A la mort de Victor, tué par la maladie, j'ai repris les chemin, seul. je suis venu ici même, en ces lieux.
On m'a alors raconté comment la dague avait disparu. Je suis le descendant des créateurs de la lame, j'en connais le secret. De plus, je susi ton plus fidèle ami. Il a donc du paraitre naturel de me confier la tâche de te rendre ton héritage.
Il m'a fallu longtemps pour retrouver Croxanvic. Et cette dague est tâchée du sang d'un traitre. Qui vola son maitre, prit la place de son ami, et cracha sur tous les principes. Cette dague est emprunte du bourreau, qui a oublié son amitié pour son devoir, et son honneur.
Voilà un exemple qui montre bien que la tolérance n'est pas un idéal recherchable. Elle n'apporte rien de bon.

Il s'arrêta un instant de parler, perdu dans ses pensées.

Il doit être plus facile, pour toi qu iest plus jeune, de proner la tolérance. Je ne sais pas si tu te souviens de notre pays. Des dunes de sable, des chameaux, des danseuses, de la soie et des épices, de la beauté, en un mot. Moi, elle sont gravées en moi, mais dnas un autre monde. Je ne regrette pas un instant d'avoir suivi mon père et le tien. Cependant, je me dois de voir, ce qu'a été le principe de la tolérance, ce qu'il nous a apporté...ou plutôt enlevé.

Il fut surpris lui-même de la noirceur de ses paroles. Cela ne lui ressemblait pas. il prit le parti d'en rire, franchement amusé par son soudain défaitisme.

Enfin, tout ça pour te dire : moi, je te respecte pour cet idéal de tolérance, mais je n'y crois pas.